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20 juin 2020Changeons d’ère : mobilisation générale pour les animaux !
5 juillet 2020Jeudi 18 juin 2020, le Sénateur Arnaud Bazin a déposé trois questions écrites portant sur:
- l’objectivisation des dommages imputables au loup (question 16805),
- le contrôle des mesures de protection (question 16821),
- l’observatoire des mesures de protection (question 16807).
Monsieur Arnaud Bazin attire l’attention de madame la ministre de la Transition écologique et solidaire sur une incohérence notable en France entre le nombre de pertes ovines attribuées aux loups et le montant des subventions allouées à la protection et à l’indemnisation des troupeaux.
En effet, comme le confirme le rapport du CGEDD/CGAAER de mai 2019 réalisant une comparaison européenne sur le loup et les activités d’élevage dans le cadre du plan national d’action 2018/2023, la France est le pays qui détient un taux de pertes ovines possiblement imputables au loup le plus élevé (jusqu’à plus de dix fois supérieur à d’autres pays comparables), ce taux correspondant au nombre d’ovins indemnisés rapporté au nombre de loups. Seules les pertes consécutives aux attaques de loup faisant l’objet d’une indemnisation, il est nécessaire de tenir compte de ce biais et de ne pas confondre pertes réellement dues au loup et pertes imputées au loup.
Ce même rapport établit que la France est, avec la Suisse, le pays dont les aides publiques à la protection et à l’indemnisation des troupeaux sont les plus élevées eu égard au nombre de loups. « Malgré les sommes investies, les dommages continuent d’augmenter » peut-on lire en page 40.
Deux hypothèses, qui potentiellement s’ajoutent, émanent de ce constat : le nombre de pertes ovines possiblement dues aux loups est surestimé et/ou la protection des troupeaux est inefficace voire non effective.
La première hypothèse interroge directement sur les critères pris en compte permettant d’imputer la perte d’un ovin au loup. Sachant que le doute bénéficie à l’éleveur (guide technique du 21.04.2020 sur l’indemnisation des dommages), le fait que cette attribution conditionne l’indemnisation corrèle l’augmentation de la mise en cause de loup à celle de l’augmentation des aides publiques et suffit à elle seule à majorer l’incohérence de la situation française.
La deuxième hypothèse interroge sur la réalité de la mise en place correcte des mesures de protection et sur leur adéquation avec la situation afin d’atteindre l’objectif attendu. Seuls des contrôles in situ permettent d’objectiver l’effectivité et l’efficacité de cette mise en ≈ìuvre comme le stipule le récent rapport du CGEDD/CGAAER : « La mise en ≈ìuvre effective des mesures de protection, lorsqu’elle est aidée, doit être contrôlée sur le terrain ».
Plusieurs éléments concourent à suspecter une insuffisance ou absence de protection de certains troupeaux, en particulier d’une minorité de troupeaux de taille importante : répartition et nombre de pertes par attaque, spécificité française de cette concentration d’attaques sur un petit nombre d’unités pastorales de grande taille, témoignages sporadiques de pratiquants de la montagne.
Les différents moyens de contrôles des mesures de protection contractualisées devraient pouvoir renseigner sur ce point, que ce soient : – les VSP (visites sur place) ou les CSP (contrôles sur place), respectivement encadrées par les articles 48 et 51 du règlement d’exécution UE n¬∞ 809/2014, – les comptes-rendus de tirs de défense dérogatoires accordés par les préfets consignés dans le registre prévu à l’article 19 de l’arrêté ministériel du 19 février 2018, – ou le cahier de pâturage dont la tenue est rendue obligatoire par le bénéficiaire d’un contrat OPEDER suivant l’arrêté ministériel du 28 novembre 2019 relatif à l’opération de protection de l’environnement dans les espaces ruraux portant sur la protection des troupeaux contre la prédation.
Ces différents dispositifs semblent néanmoins inaptes en pratique à jouer leur rôle car ne s’appuyant que trop rarement sur une réelle vérification in situ concernant les VSP et les CSP ou sur un examen attentif du registre des opérations de tirs ou du cahier de pâturage. Le rapport du CGEDD/CGAAER confirme d’ailleurs l’existence de « difficultés récurrentes de mise en ≈ìuvre [des mesures de protection] mises en évidence lors des contrôles inopinés, sans lien avec les attaques ».
Afin d’éclaircir ce point et dans un objectif évident d’améliorer ce piètre score français révélateur d’un échec de la protection, échec technique mais aussi économique, il souhaiterait connaitre les modalités mises en place afin d’objectiver plus précisément la part des pertes dues aux loups en les dissociant de celles dues à d’autres causes.
Il aimerait connaitre notamment les éléments techniques du constat de l’attaque qui permettent au service instructeur de différencier les lésions musculo-cutanées sur les ovins dues au loup de celles dues à des chiens errants. De la même façon, il interroge le Gouvernement sur les critères qui autorisent lors de dérochements et d’étouffements dans les clôtures d’exclure ou non la responsabilité du loup. Il note qu’une enquête parue il y a quelques années dans la revue Le Chasseur français avait révélée dix fois plus d’attaques dues aux chiens errants qu’aux loups dans les départements alpins.
Enfin, il souhaiterait avoir connaissance du pourcentage de relevés techniques réalisés sur le lieu de l’attaque par un agent habilité rapporté au nombre de constats uniquement déclaratifs.
Il interroge également le Gouvernement sur ses intentions afin que la traçabilité officielle des différents moyens de contrôle existants soit effectivement réalisée pour, d’une part répondre à la réglementation européenne et d’autre part mieux comprendre l’origine de cet échec dispendieux à protéger les troupeaux. Dans ce but, il souhaiterait savoir combien de comptes-rendus de VSP et de CSP, prévus dans le parcours de demande de subventions mais aussi aléatoires, de comptes-rendus de tir, de contrôles de schéma de protection et du cahier de pâturage effectués par les services instructeurs, dont disposent les différentes Directions départementales des Territoires et Agences de service et de paiement, ont été effectués et analysés. Les contrôles et les analyses des schémas de protection et des cahiers de pâturage auraient un intérêt certain pour la compréhension et la prévention de dommages récurrentes et/ou importants.
Bien qu’un observatoire des mesures de protection des troupeaux soit annoncé dans l’action 1.3 du PNA 2018-2023, il est prévu que cet outil de diagnostic, qui a pour ambition d’être fin et précis, appuie ses conclusions sur la base des contrats de protection souscrits par les éleveurs. Le rapport du CGEDD/CGAAER, prescrit qu’une analyse des difficultés de mise en ≈ìuvre des mesures de protection vienne « alimenter judicieusement » cet observatoire.
Il souhaiterait donc savoir si cette recommandation sera suivie et si des recueils de données in situ seront intégrées dans cet observatoire.