Animal discret et souvent méconnu du grand public, le blaireau est chassé, abattu lors de battues administratives, mais surtout massacré par la pratique de la vénerie sous terre.
Cette dernière consiste à envoyer des chiens acculer les familles de blaireaux dans leurs terriers, puis de creuser jusqu'à atteindre les animaux pour pouvoir les saisir à l'aide de pinces, les sortir de force et les tuer, souvent à l'arme blanche.
Cette méthode de chasse est cruelle et barbare. Elle est souvent assimilée à un sport, pratiqué par des équipages.
La vénerie sous terre du blaireau est pratiquée en France pendant la saison de chasse, mais elle peut également être ouverte de façon anticipée, dès le 15 mai, sur décision préfectorale motivée. C'est ce qu'on appelle la période complémentaire.
Trop souvent, les préfectures, via les DDTM (Directions Départementales des Territoires et de la Mer) prennent la décision d'autoriser des périodes complémentaires sans aucune justification. Elles le font à la demande des fédérations de chasse et sous leur pression, quitte parfois à prendre des arrêtés illégaux.
Pourtant, la mise en place d'une période complémentaire doit être justifiée, notamment par d'importants dégâts. Or, dans de nombreux départements, les effectifs de blaireaux sont inconnus et aucun document sérieux ne vient étayer les affirmations des fédérations de chasse ou de l'administration sur d'hypothétiques dégâts.
Carte interactive des périodes complémentaires de vénerie sous terre du blaireau - année 2023.
Chaque année, AVES France est mobilisée contre les périodes complémentaires de vénerie sous terre du blaireau.
Nous réalisons une carte qui permet de vérifier rapidement si la période complémentaire est autorisée dans votre département et si un recours juridique est en cours.
Arrêtés préfectoraux et justice administrative
L'action d'AVES France sur le dossier du blaireau est complète et complexe.
- Nous recueillons les données détenues par les préfectures.
- Nous étudions tous les projets d'arrêtés publiés par les préfecture afin d'en identifier les failles.
- Nous relayons toutes les consultations publiques qui font état d'une période complémentaire de vénerie sous terre du blaireau sur notre site dédié.
- Nous mettons en place une stratégie pour attaquer les arrêtés qui présentent des illégalités.
Le recours gracieux : nous adressons un dossier à la préfecture dans lequel nous révélons les failles de leur arrêté, en leur demandant de le retirer. La préfecture a alors deux mois pour nous répondre. L'absence de réponse valant refus, il est possible ensuite de déposer un recours devant le tribunal administratif.
Le référé suspension : nous adressons un recours en référé suspension au tribunal administratif. Dans ce recours, nous plaidons l'urgence de suspendre l'acte de chasse, en dénonçant les illégalités de l'arrêté. L'avantage du référé, c'est qu'il permet d'obtenir une date d'audience rapide. Obtenir une suspension, c'est éviter la mort de centaines, voire de milliers d'animaux. Lorsque l'urgence est reconnue, la suspension est effective jusqu'à ce qu'un·e juge se prononce sur le fond.
Le recours en annulation : nous adressons un dossier complet au tribunal administratif, qui va se prononcer sur la légalité de l'arrêté. Il peut choisir de l'annuler ou de rejeter notre demande. En cas d'annulation, la préfecture est condamnée. Par contre, les délais sont parfois très longs et l'annulation peut intervenir après l'application de l'arrêté, et donc après la destruction d'animaux innocents.
Consultations publiques
UN TRAVAIL BÉNÉVOLE, QUI DONNE DES RÉSULTATS !
La qualité du travail de la petite équipe de bénévoles en charge du dossier blaireaux n'est plus à prouver. AVES France a réussi à réunir des données rares sur l'état des connaissances des populations de blaireaux, de la gestion de l'espèce et de la vénerie sous terre en France et mis en exergue le manque d'informations globales détenues par les administrations départementales. Celles-ci doivent pourtant, d'un point de vue légal, prendre en compte ces éléments pour décider, via les arrêtés préfectoraux, d'autoriser ou de refuser les dispositions débattues lors des réunions plénières CDCFS (Commission Départementale de la Chasse et de la Faune Sauvage), préalables à la publication du projet d'arrêté.
Nous déplorons que la majorité des données proviennent des fédérations de chasse, qui réalisent comptages et enquêtes sans le moindre protocole scientifique, en les présentant ensuite comme si elles avaient la valeur d'études scientifiques. Nous dénonçons également la composition des commissions sur la chasse, totalement déséquilibrées en défaveur de la protection de la nature et de la faune sauvage.
À l'initiative d'AVES France, six organisations pour la protection de la nature et de la faune sauvage (AVES France, ASPAS, Blaireau & Sauvage, One Voice, Meles et la Fondation Brigitte Bardot) ont envoyé une demande formelle au Ministère de la transition écologique et solidaire visant à interdire la vénerie sous terre du blaireau et de veiller à ce qu’aucune période complémentaire de chasse par vénerie sous terre ne soit autorisée sur le territoire national.
En l'absence de réponse du ministère, nous avons saisi le Conseil d'Etat. La procédure est encore en cours actuellement (27/08/2022).