Agir concrètement sur la biodiversité passe par la restauration d’habitats. Dans le cadre de Renatur’Action, AVES France vous propose d’offrir ses compétences dans le conseil et jusqu’à l’accompagnement de votre projet vers sa concrétisation.

Cette mission essentielle en faveur de la biodiversité s’inscrit dans des actions de plantation de haies bocagères, dans la création de talus, de fossés et de mares.

AVES France agit sur la restauration et la création d’espaces naturels. Ici, la plantation d’une haie bocagère.

Les amphibiens forment les vertébrés les plus menacés de la biodiversité1. Selon L’UICN, 59% des espèces d’amphibiens sont en déclin en Europe. Parmi elle, et toujours selon UICN, 23% figure sur les listes rouges des espèces en dangers. Les causes attribuées au déclin des amphibiens sont multiples, mais n’ont qu’une origine, celle de l’homme, ou plutôt l’activité humaine. Cette activité forme le plus souvent une conjonction de causes aux effets néfastes qui perturbent la vie des amphibiens dans son ensemble, et plus spécialement les déplacements et la reproduction. C’est d’ailleurs leur mode vie qui explique une telle vulnérabilité : En dehors de la période de reproduction, les amphibiens ont une vie essentiellement terrestre et cachée, le plus souvent dans une cavité fraiche et humide et leurs déplacements se limitent surtout pour s’alimenter, à l’inverse, au moment de la reproduction, les individus matures se déplacent activement vers les milieux aquatiques adéquats et préférentiels les plus proches (sites de reproduction), ce qui suggère des migrations de reproducteurs.

La vie des amphibies débute dans l’eau par le développement embryonnaire puis larvaire. La magie s’opère par la métamorphose jusqu’à l’émergence des imagos hors de l’eau vers la dispersion. Les milieux aquatiques constituent la nurserie et l’avenir des nouvelles générations.

Essayons d’expliquer les différentes causes qui impactent les amphibiens de notre pays, sachant que ces causes combinées peuvent interagir.

La dégradation et la perte des sites de reproduction sont la première cause du déclin des amphibiens. La fin de l’élevage traditionnel et l’avènement des grandes cultures ont en quelques décennies faites disparaître du paysage bocager la quasi-totalité des petits points d’eaux tels que les mares abreuvoirs, les fontaines naturelles et les sources artésiennes. Un modèle agricole qui provoque également un assèchement prématuré et accéléré des zones humides (flaques, fossés…) par le drainage, le busage et le curage non appropriés.

La dégradation et la perte des habitats terrestres sont la seconde cause du déclin des amphibiens (les milieux naturels fragmentés isolent parfois les populations dans des effectifs tellement faibles qu’ils disparaissent rapidement par manque de corridors naturels). Dans le bocage les haies, les taillis, les talus, les chemins creux, les mégaphorbiaies et les petits bois constituent leurs refuges terrestres. Ces éléments du paysage ont été largement détruits ou fortement dégradés par les remembrements agricoles et l’aménagement du foncier par l’urbanisation, celui-ci se poursuit encore à un rythme effréné. L’enrésinement des forêts ou des landes et les pratiques d’exploitation sylvicoles par la mécanisation dégradent le sol, les couches d’humus et les ornières.

L’introduction des espèces invasives dans les milieux aquatiques met en péril les chances de reproduction5. Pour ne citer que quelques exemples, les poissons rouges, les perches soleil ou encore les écrevisses à pattes rouges (capable d’une grande de mobilité) introduis volontairement ou involontairement forment des prédateurs qui menacent directement les têtards et les larves. Outre les menaces de prédations, certaines espèces invasives dégradent aussi les herbiers aquatiques ou concurrences la ressource alimentaire. Le ragondin introduit en France en 1936 génère un dérangement par la dégradation des berges et de l’eau (ex. turbidité)

La destruction directe volontaire ou involontaire. Les écrasements routiers peuvent affaiblir considérablement les populations, cette menace s’accroît avec le type de route et le trafic qu’il génère. Celui-ci intervient essentiellement lors des migrations vers les sites de reproduction. Pour enrayer ce phénomène, des systèmes de passage autonome et autre actions de protection sont aménagés dans des secteurs bien identifiés2 (leur nombre demeure largement insuffisant).

Les mesures des protections qui encadrent la pêche des amphibiens ont permis de réduire l’impact de ces pratiques sur les grenouilles. Toutefois pendant des décennies, la pêche et les prélèvements en milieu naturel pour la consommation ont fortement impacté les populations de grenouilles vertes (genre Pelophylax) et de grenouille rousse (genre Rana). Pour cette dernière, dans l’est de France, le trafic de cuisse de grenouilles perdure encore de nos jours3

Les cas de mutilation gratuite (peur et dégout), les prélèvements des individus ou des pontes (terrariophilies, trafics…) en France constituent une menace marginale aux effets non négligeables localement.

La pollution des sols et des milieux aquatiques sont des sujets de plus en plus étudiés qui démontrent la nocivité des épandages d’intrants sur les populations d’amphibiens. Dans l’une de ces études, le simple passage d’amphibiens dans une parcelle cultivée fraichement pulvérisée a tué 75% des individus4. Cette menace impacte encore plus les milieux aquatiques (concentration). Les épandages de pesticides et d’engrais azotés dilués dans l’eau appauvrissement la ressource alimentaire des larves et têtards et agissent négativement sur leur développement (hypoxie et tératogenèse). Ce constat s’applique également pour les rejets industriels comme les PBC (polychlorobiphényles) ou encore les métaux lourds comme le plomb (métaux largement répandus notamment par la pratique de la chasse).

Le réchauffement global modifie peu à peu le climat ce qui perturbe déjà visiblement la reproduction des amphibiens et risquent à termes d’être la plus grande des menaces pour ces vertébrés. En France, la pluviométrie essentielle à la reconstitution des niveaux d’eaux connait d’importantes périodes à faibles précipitations ce qui induit des sécheresses hivernales. Les printemps plus chauds et moins pluvieux assèchent rapidement les milieux aquatiques provoquant la mort des progénitures chez les espèces à la reproduction tardive. Les fortes canicules peuvent également assécher les milieux terrestres en profondeur et provoquer la mort d’individus.

Les maladies émergentes provoquées par les champignons, les parasites et autres pathogènes provoquent d’importantes pertes d’effectifs à travers le monde. En France et en Europe est apparu la chytridiomycose, maladie provoquée par un champignon aquatique la Batrachochytrium dendrobatidis venue des Etats-Unis. Plusieurs études épidémiologiques ont mis en évidence que la maladie provoque des changements de comportements brutaux (léthargie et perte d’appétit), des troubles neurologiques (perte de réflexe) et des lésions cutanées chez les amphibiens infectés.6 

Références bibliographiques :

1. Collins J.P and Storfer A. 2003. Global amphibian declines : sorting the hypotheses. Blackwell Science, Ltd-Diversity and Distributions, 9 :89-98.

2. Cerena. 2019. Amphibiens et dispositifs de franchissement des infrastructures de transport terrestre. Collection : Connaissances, 58p.

3. Duguet R et Melki F. 2003. Les Amphibiens de France Belgique et Luxembourg. Collection Parthénope, édition Biotope, Mèze (France). 480p.

4. Briggs L and Damm N. 2004. Effects of pesticides on Bombina bombina in natural pond ecosystems. Pesticides Research n°85. Ministery of the environment, Copenhague.

5. Préau C., Dubech P., Sellier Y., Cheylan M., Castelnau F and Beaune D. 2017. Amphibian Response to the Non-Native Fish, Lepomis gibbosus : The Case of the Pinail Nature Reserve, France. Herpetological Conservation and Biology 12(3) : 616-623.

6. Dejean T., Miaud C., Ouellet M. 2010. La chytridiomycose : une maladie émergente des amphibiens. Bull. Soc. Herp. Fr 134 : 27-46.