Le renard, une espèce pas si nuisible que ça !
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28 janvier 2024La Fédération des chasseurs de la Nièvre a présenté une demande de régulation des renards par tirs de nuit le 26 juillet 2022 au motif que les pratiques de piégeage et de la chasse ne suffiraient pas à réguler les populations jugées importantes de renards sur le territoire du GIC petit gibier de La Montagne (Asnan, Grenois, Taconnay, Talon).
Ne se limitant pas à un seul territoire, la FDC58 a réitéré la même demande, à la même date, pour d’autres territoires : Béard, Druy-Parigny, Sougy sur Loire, Chaumot, Chitry Les Mines, Corbigny, Pazy, Alligny-Cosnes, St Benin d’Azy, Limon, Beaumont-Sardolles, Myennes, Anthien, Moissy-Moulinot, Magny, Lormes, Ruage, Alluy, Chatillon en Bazois.
La préfecture de la Nièvre ayant accédé à leur demande, l’arrêté a été publié au recueil des actes administratifs du 4 août 2022.
Après une lettre ouverte adressée au Préfet de la Nièvre, à la Direction Départementale des territoires, à Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, à Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, ministre de la Justice, à la Direction de l’Office Français pour la Biodiversité (OFB) de la Nièvre et aux Maires des communes concernées par ces arrêtés, nous avons donc décidé de saisir le Tribunal Administratif de Dijon, conjointement avec l’association Loire Vivante Nièvre Allier Cher. L’association One Voice a également déposé un recours de son côté. Le tribunal a rendu sa décision le 16 janvier 2024, et a fait droit à notre demande en annulant l’arrêté de la préfecture de la Nièvre (lire l’ordonnance en PDF).
Comme à son habitude, la Fédération des chasseurs de la Nièvre a tenté de décrédibiliser nos 3 associations, en vain.
La Préfecture n’a pas été en mesure de présenter des raisons valables pour justifier ces tirs : pas de dégâts aux activités humaines, pas de données chiffrées et fiables sur l’évolution de la population de renards et ses incidences sur la prédation du petit gibier. En revanche, il est clairement fait mention d’une concurrence entre chasseurs et renards sur les populations de perdrix et de faisans. Un comble lorsqu’on sait que chaque année dans la Nièvre, 14000 à 19000 faisans et 12000 à 19000 perdrix sont tués par les chasseurs, ce que rappelle le juge dans ses motivations.
Pour résumer, les « premiers protecteurs de la nature » de France (et de la Nièvre) sont eux-mêmes la première cause de déséquilibre des relations prédateurs-proies, et même de la biodiversité.
Merci aux collègues associatifs et à nos avocats pour cette victoire collective dédiée aux renards. Si nous n’avons pas pu sauver ces animaux, cette victoire juridique renforce la jurisprudence sur laquelle nous pourrons nous appuyer pour attaquer la préfecture si elle venait à récidiver.