AVES France affirme son soutien au collectif les Soulèvements de la Terre
9 juillet 2023Loups : une population française encore fragile
26 juillet 2023AVES France est une association de protection de la nature agréée au niveau national. Notre antenne locale nivernaise, uniquement composée de bénévoles, poursuit sa mission de sensibilisation sur la cohabitation avec le loup depuis plusieurs années par un panel assez varié d’interventions (conférences en Bourgogne, également dans l’Allier mais aussi à Decize dans la Nièvre, projection/débat à Nevers, invitation à la DDT de Patrice Raydelet, tenue de stands sur loup, interventions dans les écoles, ou avec le GNUB à Dijon…). C’est au titre de nos actions que nous avons été intégrés au Comité Loup de la préfecture de la Nièvre en 2019.
C’est avec la conviction que nous pouvions travailler en bonne intelligence, aussi bien avec les services de l’État qu’avec les éleveurs de la Nièvre, que nous avons pu collaborer de manière sereine et constructive. La Préfecture de la Nièvre a en effet très rapidement réagi en 2017, après une attaque grand canidé sur la commune de Chougny. Depuis cette date, les décisions de la Préfecture avaient toujours été empreintes de bon sens, malgré des postures parfois agressives de la part de certains membres du comité. Nous n’avons jamais contesté les avis de l’OFB après chaque attaque, quand bien même nous savons que la mention « loup non exclu » est sujette à caution, tout en permettant à l’éleveur d’être dédommagé, le doute lui bénéficiant.
Nous avons choisi de prôner la cohabitation entre l’élevage et le loup. Pour ce faire, nous avons noué un partenariat avec un éleveur d’ovins du sud-nivernais, volontaire pour tester, entre autres, des moyens d’effarouchement. Notre appui technique et financier devrait permettre, à terme, à d’autres éleveurs de dupliquer ces solutions.
Une décision incompréhensible de la Préfecture d’autoriser un tir de défense après des attaques sur un troupeau non protégé !
« Dans un contexte d’augmentation des signalements depuis le début de l’année 2023, deux attaques successives d’ovins sont survenues entre le 28 juin et le 1er juillet 2023 sur une exploitation agricole de la commune de CHIDDES, dans le Sud Morvan, en proximité immédiate de la Saône-et-Loire. Quatre ovins ont été tués et un a été blessé. Après expertise par les services de l’Office Français de la Biodiversité (OFB), la responsabilité du loup n’a pas été écartée. » écrit la Préfecture de la Nièvre dans un communiqué.
Nous ne comprenons pas la décision du Préfet d’autoriser un tir de défense pour un éleveur qui n’avait même pas protégé son troupeau. Pire encore, cette autorisation survient après que les services de l’État aient mis en place une clôture électrifiée, moyen matériel qui est prêté aux éleveurs en cas de besoin.
Alors qu’AVES France siège au comité loup de la Nièvre, nous n’avons pas été informés de la décision finale de la Préfecture d’autoriser ce tir et sommes mis devant le fait accompli. Nous avons appris l’adoption de l’arrêté préfectoral autorisant ce tir de défense par voie de presse !
Cet épisode marque un tournant dans nos relations avec les services de l’État et une rupture de confiance avec les acteurs locaux. Alors que la Préfecture justifie ce tir par « un contexte d’augmentation des signalements depuis le début de l’année 2023 », nous tenons à rappeler que sur 24 signalements en 2023, la culpabilité du loup a été écartée à 18 reprises ! AVES France n’approuve en aucun cas cette désision clientéliste et refuse de servir de caution à cette mascarade.
Nous rappelons brièvement quelques faits :
- le loup n’a pas été réintroduit, comme nous avons pu le lire sur le site de Terres de Bourgogne qui rapporte les propos de l’éleveur. Il est revenu naturellement depuis l’Italie,
- le loup est une espèce protégée en France depuis 1994. Elle l’est également aux niveaux communautaire et international. Des dérogations à la protection stricte du loup ont été prévues, conformément aux réglementations nationale et communautaire. Ces dérogations sont possibles sous trois conditions :
- la dérogation ne doit pas nuire au maintien, dans un état de conservation favorable, des populations de l’espèce dans son aire de répartition naturelle ;
- la dérogation doit s’inscrire dans un cadre prédéfini, justifiant un intérêt à agir tel que prévenir des dommages importants à l’élevage ;
- il ne doit pas exister d’autre solution satisfaisante pouvant être mise en œuvre.
Ces conditions ne sont manisfement pas remplies dans le cas nivernais. L’éléveur a perdu 4 bêtes, sans que la culpabilité du loup ne soit formellement établie. Il n’est aucunement fait mention de tentatives d’effarouchement et le troupeau n’était pas protégé de manière préventive.
Le bilan des attaques en 2023 de la Préfecture de la Nièvre fait état de 24 attaques, dont 11 de causes indéterminées, 2 non liées à une prédation et 5 liées à une prédation, loup écarté !
Si nous pouvons comprendre que la perte d’animaux puisse causer un préjudice financier et moral, nous ne saurions accepter que la seule réponse apportée ans la Nièvre soit une autorisation de tir.
Le loup est une espèce protégée et sa présence pourrait être remise en cause dans la Nièvre si cette autorisation de tir se concrétisait par la mort de l’animal. AVES France reste donc mobilisée sur ce dossier et étudie les options juridiques envisageables pour que les responsables de cette décision absurde soient poursuivis en cas de disparition locale de l’espèce.