Vénerie sous terre du blaireau : la préfecture d’Ille-et-Vilaine de nouveau sanctionnée !
17 juin 2023AVES France affirme son soutien au collectif les Soulèvements de la Terre
9 juillet 2023AVES France s’investit dans le dossier du loup depuis plusieurs années ; Le travail sur la cohabitation avec l’élevage est l’un des volets que nous travaillons depuis quelques temps. Cela a abouti à nouer un partenariat avec un éleveur nivernais en plaine, pour réfléchir à la mise en place de moyens de protection variés et complémentaires. Cet arsenal sera testé sur la durée et pourra servir de base pour améliorer les modes de protection des troupeaux domestiques face à la prédation du loup. L’autre objectif est de pouvoir dupliquer ces moyens de protection chez les éleveurs qui sont désireux de protéger leurs bêtes et de cohabiter avec la faune sauvage.
Voici des extraits de nos échanges avec M. et Mme Cotet et leur fils, éleveurs d’ovins du sud nivernais.
A quel moment avez-vous choisi d’anticiper le retour du loup dans la Nièvre ?
Ayant des contacts avec des éleveurs et référents IDELE (institut de l’élevage) pour qui la pression est forte, j’ai choisi, sur plusieurs jours, de suivre la formation mise en place par l’institut de l’élevage dans un autre département. Le formateur était Vincent Ducomet ( comportementaliste canin) accompagné de la responsable, Mme Barbara Ducreux ( chien de protection et de conduite).
Une formation d’une grande importance avec des visites de sites sous protection canine, avec différentes races de chiens de protection. Cette formation, je l’ai suivie en 2019 et notre premier chien Phalco a été introduit en janvier 2020.
Vos troupeaux ont-ils déjà été attaqués par des loups et/ou des chiens divagants ?
Nos troupeaux ont subi des attaques assez fortes avec des pertes importantes : 30 agneaux tués et beaucoup de blessés par deux chiens qui ont été identifiés.
Autre attaque mémorable, des chiens divagants connus sur la commune, avec une attaque sur des brebis gestantes et une perte de 12500€ .
Et une attaque de loup septembre 2021. Par chance il n’avait “que faim” et a étranglé une seule brebis.
Pourquoi avoir choisi cette race de chiens pour protéger vos troupeaux ?
Notre choix s’est porté sur cette race suite au conseil de Rémi Bahadur, référent IDELE, et Simon Merveille, référent IDELE aussi.
La seule portée née au troupeau, disponible, était chez Pascal Ravix qui ne jure que par ces bergers d’Asie centrale. Mr Ravix est dans le Vercors en cercle 0 et cela fait vingt cinq ans qu’il lutte pour protéger sont troupeau de 1500 bêtes. Il essuie des pertes malgré tout, mais elles sont limitées grâce à sa grosse troupe de chiens.
Quand Pascal explique, on écoute! Il a une expérience sans pareille, nous avons deux chiens de chez lui.
Le berger d’Asie centrale est le plus vieux chien connu au monde pour la protection dans son pays d’origine. Il à son jour férié et sa statue en or.
Maintenant nous en sommes à notre cinquième introduction et avons acquis une très bonne méthode, avec toujours le suivi IDELE.
Nous avons une pensée pour notre chienne Ruby que Simon a fait naître dans les Alpes de Haute Provence, et et qui a été tuée par un véhicule du voisinage.
Pensez-vous avoir été suffisamment formé pour élever ces chiens ?
Notre formation est en continu sur le terrain et avec les référents IDELE. Quand une question ou une solution s’impose, nous avons un contact permanent avec eux, que ce soit un jour férié ou un dimanche.
Je les salue pour leur implication et regrette la disparition de Simon Merveille avec qui nous avions un lien particulier. Il était un comportementaliste canin d’une grande valeur et un ami si je peux me permettre.
Votre expérimentation repose sur l’association de chiens et de clôtures, pensez-vous que les haies naturelles ont aussi un rôle à jouer dans la protection du troupeau ?
Un travail de titan à été effectué sur le dressage des chiens mais aussi sur une modification des clôtures avec double rangée d’ursus et barbelés le tout doublé en clôture électrique. La haie vive est d’une grande importance, cela devrait éviter le saut de l’obstacle par le loup, avec de bons chiens de l’autre côté, je pense limiter les dégâts.
Il est impératif de bien clore le garde manger pour éviter un libre service trop facile, car le loup a peur d’être blessé et de ne plus pouvoir chasser.
Je pense aussi qu’aucun autre éleveur n’en fera autant, c’est vraiment beaucoup de travail et d’implication.
Aujourd’hui la question n’est pas de savoir si l’on veut où pas du loup! C’est comment voit-on l’avenir pour l’élevage avec la faune sauvage.
Le loup était là voici 150 ans mais il y avait le bocage et toutes les sous espèces animales, aujourd’hui plus rien. Nous avons tout tué avec les pesticides, avons fait émergé de vilaine maladies, et avons pris conscience des dégâts que nous avons infligés à la nature.
Quelles sont les raisons de votre partenariat avec AVES ?
Aujourd’hui les aides sont limitées aux chiens et l’installation de clôture électrique, voire le salaire d’un berger. En plaine, lieu de prédilection du loup, il faut parler clôture fixe!
Votre aide sur le sujet est sans pareille et je vous en remercie !
L’attention que vous avez porté sur notre façon de travailler et a anticiper l’arrivée du loup m’a vraiment fait plaisir !
Je pense qu’il faut en parler et faire savoir que des personnes œuvrent pour la biodiversité et les réserves en eau potable.
Comment voyez-vous la suite ? la cohabitation dans le département ?
Pour ma part, le retour du loup est une difficulté supplémentaire pour l’élevage! Ceux qui ne prendront pas les devants pour s’assurer une bonne protection vont faire face à de grandes difficultés. Très bientôt, les élevages non protégés ne seront probablement plus indemnisés, des débats pour cela sont en cours ( 2024-2029) .
Ma réflexion est qu’après avoir exterminé 80 % des insectes, 400 millions d’oiseaux, c’est la plus grande extinction de tous les temps ; Et on oublie toutes les créatures invisible du sol.
Si on veut éradiquer la nature, il faut aller habiter sur mars ou la lune, là il n’y a rien!
La cohabitation dans le département sera difficile car il n’y a pas assez d’informations qui sont données aux éleveurs. Cependant la DDT (Direction départementale des territoires) diffuse les informations de son côté.
Je pense que cela se fera dans la précipitation et sera donc mal fait.
Les maires ont également les informations mais il faut qu’elles redescendent vers la population.
Enfin, comment se passe la cohabitation chiens-promeneurs ?
Les chiens et promeneurs se côtoient sans problèmes, en tout cas avec ceux qui prennent le temps de lire les panneaux distribués par l’état et apposés par nos soins aux abord des chemins.
Quand aux autres qui ne respectent rien (ne pas courir, tenir son chien en laisse, ne pas crier après les chiens, ne pas lancer d’objets, ne pas pénétrer l’enclos) et bien le chien montre une certaine animosité, il fait sont travail.
C’est aux utilisateurs des chemins de changer de comportement, l’éleveur a lui aussi changé ses pratiques, il y a été obligé.
La terre n’appartient pas à l’homme mais l’homme appartient à la terre !