Les chasseurs veulent aussi gérer les prédateurs à coup de fusil !
22 février 2024Cohabitation avec les loups dans la Nièvre : bilan 2023
14 mars 2024C’est sans surprise que nous avons pris connaissance du Plan National Loup 2024-2029 et de l’arrêté du 21 février 2024 fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup (Canis lupus).
La consultation publique qui s’était déroulée au mois de décembre 2023 avait pourtant largement démontré l’intérêt des citoyens français pour la cause du loup, l’immense majorité des avis ayant été défavorables aux propositions de l’Etat.
Nous avions fait part de nos réserves sur de nombreux points, et rappelé l’avis défavorable du Conseil National de Protection de la Nature.
Mais évidemment, les services de l’Etat ne songent pas un seul instant à garantir le maintien de la biodiversité et un bon état de conservation de nos grands prédateurs. Ce manque de courage et de volonté politique perdure depuis des années aussi bien sur le dossier loup que celui du lynx ou de l’ours des Pyrénées. De mauvaises décisions en mesurettes sans efficacité, l’Etat n’a jamais été capable de mener une politique ambitieuse pour la survie des grands prédateurs. En témoigne aujourd’hui l’adoption de ce plan qui ne satisfera ni les éleveurs les plus acharnés à la perte du loup, bien que minoritaires, ni les associations de protection de la nature. Mais cela était prévisible.
Aucun fondement scientifique pour justifier les affirmations et décisions de ce plan, et pour cause ! Quand on décide que les troupeaux de bovins sont d’office non protégeables, et que l’on abuse des dérogations permises au niveau européen, s’agissant d’une espèce protégée, il est bien difficile de faire état d’un bilan ou de tirer des conclusions des plans précédents. Le fait que la publication du Plan ait été annoncée quelques jours avant l’ouverture du salon de l’agriculture n’est que pure anecdote. Voilà des années que l’Etat achète la paix agricole au détriment de la biodiversité et de la bonne santé de nos écosystèmes. Encore une fois, les problèmes sont ailleurs, mais il est tellement plus simple d’accéder à quelques demandes simplistes d’éleveurs arc-boutés sur leurs prérogatives… car ne nous y trompons pas, cette chasse aux loups ne résoudra absolument aucun problème lié à l’élevage en France. Au mieux, elle satisfera pour un temps la fange extrémiste des éleveurs, mais la disparition du loup ne freinera pas ce qui est en marche. Une mutation profonde du monde agricole qui devra batailler aussi avec le changement climatique. Entre autres.
Le nouveau protocole facilite la mise en oeuvre des tirs et par là même, la diminution de la population de loups.
Quelques exemples des nouvelles dispositions du Plan :
– tirs de défense simple : le nombre de tireurs autorisés par troupeau pourra aller jusqu’à 2 à 3
– La mise en oeuvre de tirs de défense pour une durée de cinq ans
– abaissement du seuil de déclenchement des tirs. Pour un troupeau, 3 attaques sur 12 mois permettent le déclenchement d’un tir de défense renforcée
– Les tirs de prélèvement peuvent être réalisés à l’occasion de battues aux grands gibiers réalisées dans le cadre de chasse ordinaire ainsi qu’à l’occasion de chasses ou de battues administratives. Précisons que les chasseurs pourront y participer à la condition d’avoir été formés par l’OFB.
et d’autres que vous pourrez retrouver ici : https://www.auvergne-rhone-alpes.developpement-durable.gouv.fr/pna-2024-2029-texte-integral-a25032.html
Face à cette posture de l’Etat et à la mauvaise foi persistante d’une partie des éleveurs, sous l’impulsion de syndicats agricoles qui dictent leur loi, AVES France poursuivra sa mission d’accompagnement d’une exploitation pilote mais mettra davantage l’accent sur sa mission de sensibilisation. Nous travaillerons dorénavant à informer et sensibiliser sur la condition animale, la nécessité absolue de diminuer drastiquement la consommation de viande, et informerons sur les conséquences du changement climatique. La balle est dans le camp des éleveurs.