Déclassement de la protection du loup : obscurantisme vs raison
3 décembre 2024Journée mondiale des Ours 2025
10 janvier 2025L’année 2024 fut riche en péripéties pour le dossier Loup et le bureau local de la Nièvre. C’est surtout une année noire pour ce prédateur.
Rappelons-nous, en février, c’est sans surprise que nous avons pris connaissance du Plan National Loup 2024-2029 et de l’arrêté du 21 février 2024 fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup (Canis lupus).
La consultation publique qui s’était déroulée au mois de décembre 2023 avait pourtant largement démontré l’intérêt des citoyens français pour la cause du loup, l’immense majorité des avis ayant été défavorables aux propositions de l’Etat.
Nous avions fait part de nos réserves sur de nombreux points, et rappelé l’avis défavorable du Conseil National de Protection de la Nature.
Dès le mois de mars, au sein du collectif CAP Loup, nous avions alerté sur le danger d’un déclassement du statut de protection du loup au niveau européen. Nous avons travaillé collectivement à la rédaction d’un argumentaire à destination des parlementaires, et avons relayé la campagne de communication en faveur de la cohabitation et à destination du grand public.
AVES a également porté les mêmes demandes, sous une forme différente, au sein de Convergence Animaux Politique, pour faire entendre notre voix et celles des loups auprès des parlementaires français.
En mars toujours, nous avons été co-signataires avec d’autres associations d’un courrier pour dénoncer la politique d’abattage des loups à nouveau entérinée par le nouveau Plan National Loup, et adressé au ministre de l’époque, Christophe Béchu.
Parallèlement à ces actions de portée nationale, le bureau local de la Nièvre a poursuivi, loin des discours haineux de certains syndicats agricoles et de la chambre d’agriculture, son partenariat avec l’exploitation de M. Cotet, sur la commune de Verneuil dans la Nièvre.
Une expérimentation qui s’appuie à la fois sur des chiens de protection, des clôtures électrifiées ou simples mais doublées de haies hautes, et sur des moyens d’effarouchement également. Le fladry et les fox lights sont en phase de test depuis plusieurs mois.
En avril, c’est avec les associations One Voice et Animal Cross que nous avons décidé de déposer un recours devant le Conseil d’État pour demander l’annulation de l’arrêté interministériel du 21 février 2024.
En juin, à l’initiative d’AVES et de la FRANE, une centaine de personnes ont assisté à la projection du 3ème film de Jean-Michel Bertrand, Vivre avec les loups, à Moulins sur Allier.
Le réalisateur était présent pour échanger avec le public, après le film, et a pu rappeler l’impérieuse nécessité de partager nos territoires avec la faune sauvage, et surtout, a pu déconstruire les idées fausses qui circulent sur ce prédateur. Un grand merci à Jean-Michel, l’équipe du cinéma CGR et aux collègues de la FRANE – Fédération Région AuRA Nature Environnement pour ce beau moment d’immersion dans le monde des loups.
Tout au long de l’année, AVES sensibilise le grand public, que ce soit à travers le dispositif Ville à Joie où nous tenons des stands d’information ou encore à l’occasion de la 1ère journée Nature en Nièvre (conférence sur le loup), le 15 mars une projection du film de jean-Michel Bertrand à Clermont-Ferrand, une interview donnée en mars également au magazine de l’Humanité et divers entretiens avec des journalistes.
En août, une troupe de scouts a choisi notre association et la thématique de la cohabitation du loup pour leur camp d’été 2024. Ils sont installés sur l’exploitation des Cotet, éleveurs nivernais avec qui nous avons construit un partenariat axé sur la cohabitation avec les prédateurs. Grand merci à Timothée, Nora, Anaëlle, Justin et Antoine pour leur collaboration ! C’est une première dans la Nièvre !
Puis deux élus de la région Bourgogne Franche-Comté, Claire Mallard et Stéphan Woynaroski, sont venus visiter l’exploitation de M. Cotet pour juger sur place de l’efficacité de la mise en place des moyens de protection.
En septembre, l’Union Européenne a franchi un pas décisif dans sa volonté d’affaiblir le statut de protection des loups. Comme pour beaucoup de sujets environnementaux en ce moment, cette décision est politique et non basée sur des faits scientifiques. Les élus européens cèdent aux lobbies agricoles pour de mauvaises raisons, et qui vont à l’encontre de décennies de politiques de conservation de la nature.
En novembre, nous avons sollicité adhérents et sympathisants pour leur demander d’adresser par email une plainte auprès de la Convention de Berne pour s’opposer à l’abaissement du statut de protection des loups en France (en France dans le cadre de cette plainte, mais en réalité dans toute l’UE). AVES France vous a envoyé sa propre contribution au secrétariat de la Convention de Berne la plainte rédigée par Pascal Sourdin (Animal Cross) pour le collectif Cap loup, auquel AVES France participe depuis de nombreuses années.
300 ONG dans toute l’Europe, dont AVES, ont signé une lettre-pétition destinée à réaffirmer la nécessité de maintenir un statut de protection élevé pour le loup en Europe.
Puis des élus nivernais d’EELV ont souhaité rencontré M. Cotet sur son exploitation, qui ont nourri des échanges constructifs.
En décembre, le loup est passé « d’espèce strictement protégée » à « espèce protégée », un affaiblissement de son statut qui pourra être lourd de conséquences.
Bien que nous tentions depuis plusieurs mois différentes actions – avec d’autres associations – pour empêcher ce vote, les États membres de la Convention de Berne sur la protection de la faune sauvage ont approuvé le déclassement de la protection du #loup, pressés depuis plusieurs années par les lobbies agricoles.
La France a été particulièrement investie pour obtenir ce vote, le déclassement du loup étant un des objectifs du Plan national d’actions 2024-2029 sur le loup et les activités d’élevage, ce qui est particulièrement cynique, alors qu’en même temps, pour reprendre l’expression favorite du président de la République, la Stratégie nationale biodiversité 2030 accélère l’engagement de la France en faveur de la biodiversité en proposant 40 mesures précises autour de 4 axes pour atteindre les ambitions portées par le cadre mondial de la biodiversité d’ici 2050. Paroles, paroles…
Le bureau local assiste également aux comités loup en préfecture et s’efforce de faire entendre une autre voix malgré la virulence et l’agressivité des syndicats agricoles, et parfois, la complaisance des services de l’Etat.
Ainsi, Hélas, nos efforts sont réduits à néant par l’attitude scandaleuse du directeur de la DDT qui s’est exprimé devant des éleveurs lors d’une réunion sur la commune de Magny-Cours. Propos que nous avons découverts dans cet article du journal du centre et que nous condamnons fermement. Citation ci-dessous, extraite du Journal du centre :
(SIC) Pierre Papadopoulos voyant l’assemblée s’agacer, lance :
» J’aimerais bien que ce putain de loup, il y en a un qui se le cabosse (sic)… Il faut que des gens avec des fusils aillent dans vos fermes pour régler ça. On fera de la philosophie sur le loup plus tard. »
Pour autant, nous poursuivrons notre mission en 2025 et les projets de manquent pas : volet communication renforcé autour de l’exploitation de M. Cotet, recours juridiques, une journée mondiale du loup le 13 août en préparation, le suivi sur le terrain… Si vous souhaitez rejoindre notre réseau de bénévoles nivernais, c’est le moment !