Vènerie sous terre du blaireau : six organisations de protection de la nature et de la faune sauvage saisissent le Ministère
3 juin 2020Vénerie sous terre du blaireau : la Maire de Valaire en action pour la protection de la biodiversité
15 juin 2020C’est par un tweet d’Elisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire, que nous avons appris la mort d’un nouvel ours dans les Pyrénées. Cette annonce intervient quelques semaines seulement après la découverte du corps de l’ours Cachou, retrouvé mort le 9 avril dernier dans la commune de Les, dans les Pyrénées espagnoles (Val d’Aran), et dont les résultats de l’autopsie n’ont pas été rendus publics. Alors que de nombreuses personnes considèrent que l’ours Cachou aurait pu être empoisonné, c’est donc maintenant en France qu’un ours est découvert mort, abattu par balles.
L’Etat et de nombreuses associations – dont AVES France – ont annoncé déposer plainte afin de retrouver les auteurs de cet acte de braconnage. Nous sommes scandalisés et particulièrement tristes de voir qu’une minorité violente et extrémiste, rejetant tout dialogue, se permet de tuer un ours, espèce protégée, considérant que la montagne leur appartient et qu’ils sont au-dessus des lois.
AVES France a toujours prôné la communication avec les éleveurs et c’est le sens de notre participation à un processus de dialogue qui s’est tenu en Ariège en 2017/2018. Nous restons convaincus que la cohabitation est possible, mais l’Etat doit envoyer un message fort et condamner fermement cet acte de braconnage. Les auteurs de ce crime doivent être traduits en justice et lourdement condamnés. On ne peut plus laisser des groupuscules armés faire la loi en Ariège. L’Ariège, c’est la France, pas le Far West !
Il est toujours bon de rappeler que l’ours est une espèce strictement protégée en France. L’Etat a évidemment sa part de responsabilité dans ces opérations de destruction. Rappelons que nos dirigeants autorisent sans aucun scrupule le massacre de nombreuses espèces protégées sur le territoire métropolitain (loups, choucas des tours, bouquetins, grand tétras…) et que les rapports entre le Président Macron et les dirigeants des chasseurs ont souvent été dénoncés, comme dans cet article de presse de février 2018 :
« La présence d’un président à Chambord pour le tableau de chasse est une première depuis quarante ans, se félicite Thierry Coste, conseiller du président sur la chasse et la ruralité. »
Depuis la campagne présidentielle, le natif d’Amiens prend grand soin de caresser les chasseurs dans le sens du poil. Le président de la République recevra d’ailleurs jeudi à l’Elysée le patron de la FNC (Fédération nationale des chasseurs), Willy Schraen.
Jeudi 4 juin 2020, le ministère de la transition écologique et solidaire publiait un communiqué annonçant que : “Pour accompagner la montée des troupeaux en estive dans le massif des Pyrénées, Elisabeth Borne, Ministre de la Transition écologique et solidaire, Didier Guillaume, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, et Emmanuelle Wargon, Secrétaire d’Etat auprès de la Ministre de la Transition écologique et solidaire, renforcent les actions en faveur du pastoralisme, de la protection des troupeaux et de la connaissance de la population ursine. Ils se félicitent de l’avancée des consultations menées sous l’égide du préfet de la région Occitanie, coordonnateur de massif, et des travaux de mise à jour de la feuille de route « pastoralisme et ours » visant la cohabitation des activités de pastoralisme avec la présence d’une population d’ours.”
Le communiqué annonçait le déblocage de 500 000 euros supplémentaires destinés à la protection des troupeaux, notamment pour l’équipement de cabanes dans les estives, le renfort de bergers d’appui, ainsi que la mise en place de diagnostics pastoraux et d’analyses de vulnérabilité, la mise en place de mesures expérimentales d’effarouchement ou encore la mise en place d’un protocole dédié aux estives surprédatées en complément du protocole « ours à problème ».
L’Etat n’a toujours pas compris qu’ils n’achèteront pas la paix sociale à coups de millions !
Espérons que ce cas de braconnage incitera la ministre à enfin conditionner les aides octroyées aux éleveurs à la mise en place de moyens de protection des troupeaux. Trop longtemps on a cru acheter la paix sociale à coup de subventions. Les anti-ours les plus extrémistes se sont gavés d’argent public sans jamais évoluer sur la question. Il est temps de couper le robinet des subventions et de dénoncer publiquement les actes des petits barons anti-ours qui sèment le chaos dans les montagnes.
Parallèlement, il faut renouer le dialogue avec les éleveurs et les bergers qui se sentent abandonnés et méprisés. Chercher ensemble les solutions pour que l’ours et les hommes puissent réapprendre à vivre ensemble, dans un climat apaisé. Nous pouvons entendre la colère, la peur, le désespoir, mais rien ne peut justifier le braconnage ! Plusieurs pays européens ont su trouver des solutions pour faire baisser les prédations, mais rien ne sera possible sans dialogue ou en réclamant le retrait des ours. L’ours a sa place dans les Pyrénées. Le pastoralisme aussi. A nous collectivement de résoudre l’équation pour une cohabitation apaisée.