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27 août 2023AVES France au secours des renards et des blaireaux de l’aéroport de Boos !
14 novembre 2023À partir de la mi-septembre et pendant deux bons mois, sachez que si vous voulez vous balader en forêt vous n’y êtes pas les bienvenus.
Pourquoi ?
En raison d’un évènement pourtant très attendu par les amoureux de la nature : le brame du cerf, ces cris rauques que poussent les cerfs mâles afin de signaler leur présence aux femelles et dissuader les concurrents. Et si vous cherchez des renseignements sur le sujet vous tomberez rapidement sur les mises en garde de l’ONF (Office National des Forêt) à l’attention des promeneurs : « C’est la saison des amours pour les cerfs », écrit Ouest-France, « l’ONF Pays de la Loire invite donc les promeneurs au respect et à la discrétion en forêt [afin d’]assurer la quiétude des animaux dans les forêts domaniales de la région » car ils sont « réceptifs aux odeurs, bruits et déplacements, le moindre dérangement peut perturber leur comportement, voire empêcher leur reproduction ».
Un peu plus loin vous pourrez même lire que vous vous exposez une amende si vous faites usage d’une lampe ou d’un flash.
De plus, les routes forestières sont fermées à la circulation pendant toute la période et, là encore, le contrevenant risque d’être verbalisé.
Le JT de France 2 a même lui aussi consacré un reportage sur le sujet : « Des zones de quiétude ont été mises en place dans le Parc national des forêts [220 000 hectares entre Champagne et Bourgogne] », nous dit-on, « afin de réduire la présence humaine qui perturbe le brame du cerf ». Là aussi, une interdiction de circuler de la tombée de la nuit au petit matin est en vigueur, les récalcitrants risquant même une saisie de leur véhicule.
Autre mise en garde sur le site de l’ONF lui-même : « La forêt n’est pas un parc animalier où chacun s’y promène sans aucune précaution [ !] ». Eh oui, à cette période de l’année, figurez-vous que les méchants promeneurs osent vouloir venir assister au brame. Cet afflux de visiteurs n’est, toujours d’après l’ONF, « malheureusement pas sans conséquences : déplacements inhabituels des cerfs, absence de brame en journée, etc. »
Nous voilà donc avertis : il ne faut pas déranger les animaux pendant le brame. Cela paraît légitime car certains comportements sont, de toute évidence, nuisibles pour les cerfs, ceux-ci étant, de plus, particulièrement vulnérables et affaiblis durant cette période. Rassurant au final de voir que l’ONF, se présentant souvent comme « le gardien de la forêt » se préoccupe de leur sort !
Mais la réalité est tout autre.
Quelle surprise en effet de découvrir en creusant un peu que, par contre, aucune loi nationale n’interdit la chasse en période de brame !
Nos amis de L’ASPAS (Association pour la Sauvegarde et la Protection des Animaux Sauvages) affirment même, preuves à l’appui, que l’ONF encourage cette pratique car elle lui rapporte de l’argent ! Plusieurs pétitions ont d’ailleurs été lancées sans grand succès à vrai dire contre cette scandaleuse course aux trophées. Le chasseur a donc légalement le droit d’abattre les plus beaux spécimens, dont la tête décapitée viendra orner le mur de son salon, s’il s’acquitte d’une taxe de prélèvement encaissée par… l’ONF lui-même, honteusement complice de cette pratique, à part égale avec les Associations de chasse qui sous-traitent cette chasse aux trophées sur des terrains privés à de riches clients.
Au final il semble plus perturbant pour les cerfs d’être dérangés que morts! Mais ça, a priori, ça ne les gêne pas du tout … !
Le site de Barnes propriétés et châteaux, agence immobilière spécialisées dans la vente, entre autres, de domaines de chasse, nous dit même sans honte aucune que « la période la plus propice pour chasser le cerf est pendant le brame ». Quant à Sud Chasse, sorte de tour-opérateur organisant des « voyages » de chasse en France, il recommande plus particulièrement « la chasse du cerf au brame dans les Pyrénées ». Mais attention les animaux ne sont pas tués mais « prélevés » : ça fait toute la différence c’est sûr !
On trouve même l’affirmation suivante (sans pudeur aucune là encore) : « la chasse au brame n’est pas préjudiciable à l’espèce à condition qu’elle soit pratiquée dans l’éthique et le respect de ces animaux ».
Ah nous voilà donc rassurés : s’ils meurent de façon respectueuse alors tout va bien !
Il faut également savoir que les biches ne sont en chaleur que quelques jours par an et qu’abattre les mâles à cette période a évidemment forcément un rôle très négatif sur la reproduction de l’espèce (eh bien oui quand on est mort on ne se reproduit pas n’en déplaise aux chasseurs !).
Voilà donc de quelle manière est « géré » le brame du cerf dans nos forêts publiques.
Un photographe passionné par le cervidé nous disait même qu’il y a tellement peu de cerfs maintenant dans les forêts domaniales que les organisateurs des « sorties brame » (car l’ONF jouant sur tous les tableaux n’hésite pas à percevoir en plus l’argent de ce type de tourisme) étaient obligés de se diriger vers les domaines privés…
© Photo de Stephen Noulton: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/foret-animal-sauvage-faune-15523607/