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15 juin 2023AVES France prône la cohabitation avec les grands prédateurs et plus spécifiquement le loup depuis de nombreuses années.
L’association a porté en 2021 un projet lors des Rencontres pour la Planète, car nous pensons que la cohabitation est possible et que les tirs sont contre-productifs. Perturber la composition des meutes ne fait qu’empirer le problème. C’est une solution simpliste qui ne convient à personne et n’apporte aucune solution durable. Nous pensons plutôt qu’il faut, le plus rapidement possible, généraliser les moyens de protection partout où le loup est susceptible de revenir. D’autres pays ont montré que ces attaques n’étaient pas une fatalité. Avec des moyens de protection adaptés, il est tout à fait possible de limiter les attaques.
Notre projet, soutenu par plusieurs entreprises membres du 1% pour la planète dont la Fondation Nature & découvertes, nous a permis d’initier un partenariat avec un éleveur de brebis nivernais qui a anticipé le retour du loup dans le département de la Nièvre, en s’équipant de chiens de protection, et en renforçant ses clôtures.
Par arrêté préfectoral du 30 janvier 2023, la commune de Verneuil est située en cercle 2. Cela signifie que des aides de l’État sont possibles pour financer la mise en place de parcs électrifiés ou l’électrification de parcs déjà existants. Le matériel et la main d’œuvre entrant dans la réalisation de parcs grillagés ne sont pas éligibles. Pour ce type de parcs déjà existants, seul le matériel nécessaire à l’électrification est éligible.
Cette exploitation présente plusieurs aspects intéressants : l’éleveur, Christophe Cotet est labellisé en bio, la ferme est située en plaine, marquée par un bocage encore existant bien que subissant des dégradations régulières, et les brebis sont réparties en plusieurs lots sur 45 hectares. Les haies de l’exploitation sont préservées, en cours de restauration ou de plantation, avec un projet de plantations d’ormes le long des haies et un projet d’agroforesterie au milieu des parcelles (noyers).
Si la présence irrégulière du loup ne réjouit pas forcément l’éleveur et sa famille, ces derniers ont cependant préféré anticiper l’installation durable du prédateur en choisissant de se doter de chiens de protection ; Pour le moment, ils sont au nombre de 4, dont Tina, chienne de 4 mois en cours d’apprentissage. Les 3 autres bergers d’Asie Centrale, Falco, Sultan et Saphir, gardent chacun un lot de brebis. Ils sont secondés par des border collies qui aident à la conduite du troupeau de 270 animaux : 2 retraités, Black et Finette, un chien actif, Nino et une jeune chienne en formation, Tessy.

©G Cotet

© sylvie cardona
Les Cotet ont donc accepté de tester notamment le fladry qui sera installé sur une autre parcelle, et renforcé d’une caméra. Le fladry constitue un moyen d’effarouchement supplémentaire, qui sera doublé d’un fil électrique.
La biodiversité et la ressource en eau sont au coeur des préoccupations des éleveurs qui tentent de conjuguer l’équilibre naturel et le bien-être de leurs animaux*, et une incontournable adaptation à la présence de prédateurs aussi différents que le loup, le lynx, les chiens divagants ou les humains mal intentionnés !
Nous pensons comme M. Cotet : la protection des troupeau passe nécessairement par la protection du milieu naturel et dans le sud de la Nièvre, plus spécifiquement par la restauration des haies.
Des haies larges et suffisamment hautes pour dissuader ou du moins retarder les incursions des prédateurs.
AVES a donc pris en charge une partie de la facture d’achat de grillage ursus, et signé une convention de prêt de matériel avec les éleveurs ; l’objectif de notre association n’est pas de financer des moyens de protections pour les éleveurs, mais d’expérimenter en plaine des dispositifs de protection qui impliquent des moyens variés et complémentaires.
Les prochains mois seront consacrés à des bilans réguliers qui permettront de mieux cerner les besoins des éleveurs de plaine, de mesurer les difficultés techniques, de constater ce qui a marché et ce qu’il faut améliorer, afin de fournir des éléments concrets aux DDT et services de la préfecture désireux d’avoir un retour de bonnes pratiques. Nous souhaitons que ces dispositifs soient dupliqués chez d’autres éleveurs à terme.
Ce partenariat nous permettra également d’amorcer également une campagne de communication et sensibilisation sur la cohabitation avec les chiens de protection pour le voisinage des exploitations et les usagers de la nature (randonneurs, vététistes, etc.).
* A noter que le réchauffement climatique est également visible dans la Nièvre. Les arbres de haut jet et les haies non raccourcies fournissent de l’ombre et de la fraicheur aux bêtes, et maintiennent un sol de qualité.

© sylvie cardona

© sylvie cardona