A la question* « Faut-il interdire le recours à des animaux sauvages dressés pour le tournage de films publicitaires ou cinématographiques ? », 9 répondant sur 10 (91%) ont répondu OUI !

* Cette question a été administrée en ligne le 21 février 2022 sur le moteur de recherche Lilo.org à l’occasion de la Journée mondiale pour sauver les Ours. Sur une base de 2881 répondants, 78,3% sont Totalement d’accord, 12,7% Plutôt d’accord, 4,7% Pas du tout d’accord et 4,3% Plutôt pas d’accord.

Les animaux malades d’Hollywood…

On a tous dans un coin de nos têtes l’image de Leo, le lion rugissant, mascotte du studio hollywoodien Metro-Goldwyn-Mayer, celle de la panthère noire de la marque Dulux Valentine.

On a tous un souvenir cinématographique avec un animal sauvage, que ce soit avec Cheetah, le chimpanzé compagnon de Tarzan, les oursons orphelins du film L’ours ou les tigres, héros du film Deux frères de Jean-Jacques Annaud… ou de très nombreux autres animaux stars qu’on a pu voir sur grand ou petit écran ces dernières décennies.

Et puis la société a évolué et on pense inévitablement aux bad buzz : à la pub Renault avec un dresseur d’ours, aux clips de Jul et de Wejdene avec un ours, à celui de Slimane avec un chimpanzé… à la marque Dodo qui shoote ses couettes avec un lionceau dessus pour vanter leur moelleux.

Alors que la LOI n° 2021-1539 du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes a fixé l’interdiction d’exploiter des animaux sauvages captifs dans les spectacles itinérants, mais aussi leur présentation en discothèque et lors d’émissions de variétés, de jeux et d’émissions autres que de fiction majoritairement réalisées en plateau, il reste possible de faire naître et de dresser des animaux sauvages pour les besoins du cinéma, des publicitaires ou autres activités plus ou moins artistiques.

Combien de temps pourra-t-on encore supporter qu’on nous vende du rêve sur fond d’exploitation des animaux sauvages ?

On condamne les animaux à une vie misérable pour notre divertissement…

AVES France a milité pendant de nombreuses années contre l’utilisation des ours et des loups dans les spectacles itinérants, mais également contre l’imprégnation des bébés animaux lors d’interactions avec le public. Le ministère de la transition écologique a considéré, dès les prémices de la mission ministérielle sur le bien-être animal, que le problème venait de l’itinérance. Or, pour nous, c’est clairement le dressage qui pose problème et le fait de faire reproduire des animaux en captivité pour ne leur offrir qu’une vie artificielle.

Quelle est la qualité de vie des animaux exploités pour le cinéma, les tournages de clips, de publicités, les shootings photos ?

 

Les animaux sauvages que vous voyez dans les publicités, les clips, les films et les documentaires sont victimes de la même exploitation que ceux qui sont utilisés dans les spectacles. On les dresse. Ils vivent dans des enclos qui ne peuvent pas répondre à leurs besoins naturels réels, ils sont entraînés régulièrement et donc sollicités en permanence, ce qui perturbe le développement de leur comportement normal. Parfois, on fait naître des petits juste pour un tournage et quand le film est terminé, on s’en débarrasse dans des structures plus ou moins adaptées.

Des animaux sauvages captifs dans de nombreux documentaires et reportages !

Si on peut difficilement ignorer que des animaux sauvages captifs ont été exploités dans des films comme L’ours, Deux frères, Zookeeper, George de la Jungle, La Nuit au Musée, Very Bad Trip 2 ou même Sauvez Willy, peu de spectateurs savent déceler la présence d’animaux sauvages captifs dans les documentaires ou dans les reportages. Or, c’est là qu’il y a la plus grande tromperie !

Les productions cinématographiques ou télévisuelles sont ultra scénarisées et certains réalisateurs sont prêts à tout pour tourner la scène inscrite au scénario. Or, difficile (voire impossible !) d’obtenir certaines images dans la nature. Que ce soit pour de grosses productions cinématographiques comme pour des reportages télévisuels, la production fait appel à des dresseurs. Les scènes sont alors tournées en pleine nature ou sur fond vert, mais avec des animaux sauvages captifs. Vous pensez sûrement que ce procédé fait figure d’exception, et pour cause, même les plus attentifs des spectateurs auront du mal à les déceler au générique, puisque parfois il n’en est pas fait mention.

Une belle séquence de cinéma vaut-elle qu’on condamne des animaux sauvages à une vie en captivité ?

Au cinéma, on ne parle ni de dresseur, ni de dompteur, mais d’imprégnateur ou de préparateur…

La magie du cinéma n’opère pas seulement sur l’écran. Elle permet de transformer les mots pour les rendre plus acceptables par un public de plus en plus sensible à la cause animale. On ne parle donc ni de dresseur, ni de dompteur, mais d’imprégnateur ou de préparateur. Ne cherchez pas ce mot dans le dictionnaire car il n’existe pas. On le trouve dans le dossier de presse du film Les Saisons de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, puis dans une fiche Wikipedia qui ne reprend que cette seule source pour justifier le sens de ce nouveau mot.

L’imprégnation permet à l’animal de vivre sa vie sans crainte, de vaquer sans contrainte à ses occupations en ignorant l’équipe des cinéastes tout proches, à charge pour eux d’en mettre en images les plus beaux moments. Le jeune animal naît avec la peur au ventre mais aussi avec un besoin vital de contact et de chaleur corporelle. L’enjeu, pour l’imprégnateur, est de désamorcer au plus vite cette crainte atavique en prenant l’animal en charge aussitôt après sa naissance.

Agir avec le Ministère de la Culture ?

Le ministère de la culture ne devrait-il pas imposer aux sociétés de production d’inclure une mention suffisamment visible pour informer le public que des animaux sauvages captifs ont été utilisés et, à terme, obliger l’industrie à remplacer ces animaux par des séquences totalement virtuelles, comme ça a été le cas pour le film le Roi Lion de Disney ? La technologie imaginée par les studios d’effets spéciaux MPC, à Los Angeles, donne un résultat époustouflant. Cependant, il est évident que tout le monde n’a pas les moyens des studios Disney pour créer un film, comme Le Roi Lion, à 260 millions de $.

Nous pensons que le ministère de la Culture doit soutenir le développement de technologies innovantes et participer à la création d’une base de données (Motion Capture) des mouvements d’animaux sauvages, ce qui permettrait ensuite aux studios de les utiliser en créant leurs propres personnages.

Le public, de plus en plus soucieux du bien-être animal, ne tolèrera bientôt plus que des animaux sauvages naissent en captivité pour tourner dans des films, des clips ou des publicités. Il faut donc amorcer la transition au plus vite et qu’on ne permette pas que des animaux continuent d’être exploités lorsque la fin des animaux dans les cirques sera effective… c’est-à-dire dans sept ans.

Des animaux sauvages captifs dans un film, une publicité, un clip, un reportage ? Alertez-nous !