Non à l’exploitation de l’ours Valentin à la fête des sorcières de Chalindrey les 26 et 27 octobre 2019
6 octobre 2019Cirque Seneca – Force animale : compte-rendu d’un interminable spectacle…
15 octobre 2019Ils s’appellent Bony, Glasha, Kilian, Lucien, Lutchak, Micha, Shadow et Valentin. Ils sont les derniers ours exploités en France par une profession moribonde, celle des montreurs d’ours. Incroyable de se dire qu’en 2019, les montreurs d’ours existent encore dans un pays dit civilisé. Et pourtant, leur activité est légale et ces dresseurs indépendants se produisent chaque année dans des dizaines de fêtes médiévales ou lors des fêtes de fin d’année. Leurs « spectacles itinérants » sont même favorisés par l’arrêté du 18 mars 2011, qui leur permet de maintenir leurs ours jusqu’à quatre jours dans le véhicule utilisé pour le transport. Depuis 2005, AVES France se bat pour obtenir l’interdiction de ces représentations anachroniques et pour que les ours soient libérés, mais pas dans la nature ! Nous espérons pouvoir leur offrir à tous une seconde vie dans un sanctuaire adapté où ils pourront couler des jours heureux.
Une manifestation pour les ours captifs exploités pour le divertissement
Lundi 14 octobre 2019 à 13h, AVES France et Paris Animaux Zoopolis organisent une manifestation Fontaine Saint Michel à Paris pour demander à Elisabeth Borne, Ministre de la transition écologique et solidaire, l’interdiction à très court terme de cette pratique moyenâgeuse, ainsi que la saisie en urgence de tous les animaux des Poliakov, dont les négligences ont bien failli coûter la vie à l’ours Micha (relire le communiqué du 14 septembre 2019 : Nos associations demandent le transfert en urgence des 3 ours des Poliakov dans un sanctuaire).
Inscription à la manifestation : https://www.facebook.com/events/1186297188197176/
Les montreurs d’ours en France, qui sont-ils ?
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- Frédéric Chesneau, compagnie Atchaka (Bougy-lez-Neuville, 45). Il possède un ours noir d’Amérique (Valentin, né en 2009 dans un zoo Texan) et un ours brun (Lucien, né en 2009 dans un cirque espagnol).
- Sylvie Pujol, association Aïtawak (Héric, 44). Elle possède 5 loups arctiques et un ours noir d’Amérique (Kilian, 18 ans, née au zoo de Saint Petersbourg).
- Les Poliakov (Chauvigny-du-Perche, 41). Ils possèdent trois ours bruns. Bony, un grizzly mâle. Glasha, une ourse brune de souche syrienne. Micha, un ours brun de souche européenne.
- Benoît Motton, compagnie Arkann (Montreuil-sur-Barse, 10). Il possède un ours noir (Lutchak).
- Jean-Philippe Roman (parc animalier de Pradinas, 12). Il possède un ours brun (Shadow, né en 2005).
Les mêmes tours reproduits à chaque représentation contre quelques friandises.
Les montreurs d’ours ont sensiblement tous le même discours :
- ils entretiennent une relation particulière avec leurs ours
- ils ne les forcent jamais à travailler
- l’ours serait mort sans leur intervention
- l’ours est heureux ; il ne travaille pas, il joue
- un ours n’a pas besoin d’espace s’il est nourri
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Le jeudi 15 août 2019, des membres d’AVES France se sont rendus à Watten, dans le Nord de la France.
Nous y avons filmé le numéro de la compagnie Aïtawak. La dresseuse a expliqué à son public qu’elle avait récupéré son ourse Kilian au zoo de Saint Petersbourg. La maman ne s’occupait pas des oursons et, bien sûr, ils seraient morts s’ils n’avaient pas été recueillis. Ce préalable suffit au public pour se dire que Kilian, exploitée depuis 18 ans, a eu de la chance. Kilian fait du toboggan, marche sur des barres parallèles, saute à travers un cerceau et se roule par terre. « Que des choses qu’un ours ferait dans la nature » assure la dresseuse alors qu’elle vient de faire un « Give me five » avec sa meilleure amie l’ourse. Il convient juste de préciser que Kilian ne répond aux ordres que contre de la nourriture (des fruits ou des friandises). C’est le cas également des autres ours, et notamment de l’ours Valentin, qui ne répète les mouvements inculqués par son dresseur qu’en échange de guimauves. Le but des dresseurs est de convaincre le public que leur animal est heureux d’être exhibé, mais aussi qu’ils sont les témoins privilégiés de la représentation de leur animal-star. Pourtant, ces « spectacles » sont les mêmes d’une ville à l’autre (parfois au mot près). Ne vous y trompez pas : l’ours travaille et ne fait que reproduire ce qu’on lui a appris.
« Le transport et la promiscuité, c’est pas un problème ! »
Toujours le jeudi 15 août 2019 à Watten, voici une vidéo de l’ourse Kilian alors que sa dresseuse souhaitait lui faire rejoindre le véhicule qui sert à la transporter. Dans la remorque, 4 loups attendent déjà. Quand nous expliquons que le transport est un facteur de stress pour les animaux sauvages et que les ours n’ont pas à subir ces longs transports (parfois plus d’un millier de kilomètres sur un week-end), certains dresseurs nous répondent que leurs ours dorment durant le trajet, qu’ils se reposent, qu’ils sont comme dans une tanière… Pourtant, l’ourse Kilian ne semble pas décidée à se laisser enfermer pour plusieurs heures…
Pour les loups aussi, la proximité du public est une source de stress
Lors de la fête médiévale de Watten, la compagnie Aïtawak présentait également une meute de loups.
Les loups ont montré à plusieurs reprises des signes d’anxiété. La proximité du public, d’une foule bruyante et en mouvement, a même dérangé la dresseuse qui s’est agacée de ne pas pouvoir travailler dans de bonnes conditions. Ces « spectacles » ayant lieu dans des endroits publics et en extérieur, il paraît pourtant évident que les spectateurs (adultes comme enfants) ne peuvent pas être attentifs comme dans une salle de spectacle. Les loups étaient plus réceptifs lors de la représentation matinale que lors de la seconde présentation. « Ils ne veulent pas travailler, ils ont eu trop de viande ce matin » a-t-on pu entendre…
Non, ces spectacles ne sont pas pédagogiques !
« Je suis là pour vous présenter mes animaux »…
Soyons sérieux ! Qui va dans une fête médiévale pour prendre un cours sur les ours ou sur les loups ?
Evidemment personne. Et ça tombe bien car le discours des dresseurs n’a rien de pédagogique. On ne peut évidemment pas justifier l’exploitation d’un ours par une phrase ou deux sur son espèce. D’ailleurs, même les Poliakov (qui font monter leur ours Micha sur un ballon) qualifient leur numéro de pédagogique, car ils débutent leur show par un quizz avec quelques questions sur les ours. Non, on ne le répètera jamais assez : on ne peut pas faire de pédagogie en montrant à des enfants un animal sauvage dressé pour effectuer des tours en échange de quelques friandises.
Quel avenir pour les ours des montreurs d’ours français ?
AVES France milite depuis de longues années pour obtenir l’interdiction de ces spectacles. Notre pétition a d’ailleurs récemment dépassé les 125.000 signatures ! En mai, avec l’aide du collectif CAP (convergence animaux politique), un groupe de députés LR, menés par Bérengère Poletti, a déposé une proposition de loi visant à interdire les spectacles itinérants ou fixes ayant recours à des ours ou des loups. Notre association, aux côtés de Paris Animaux Zoopolis, la SPA, la Fondation Droit Animal Ethique & Sciences, la Fondation Brigitte Bardot, la Fondation 30 millions d’amis, CACH, Code animal, CAP, One Voice et la Fondation Assistance aux Animaux, a participé à la mission ministérielle sur le bien-être animal, à l’issue de laquelle nos structures ont remis au ministère de la transition écologique et solidaire un rapport de synthèse commun dans lequel nous demandons l’interdiction immédiate de la détention d’ours et de loups par les « montreurs ».
Cette proposition ne s’est pas faire à la légère, puisqu’une interdiction de détention impliquerait que nous prenions en charge Bony, Glasha, Kilian, Lucien, Lutchak, Micha, Shadow et Valentin dans des sanctuaires adaptés. Four Paws, ONG qui gère des refuges pour les ours en Europe et dans le monde, nous a assuré que lorsque l’Etat français interdira les spectacles de montreurs d’ours et nous permettra de saisir les animaux, alors ils pourront leur offrir une nouvelle vie dans un de leurs sanctuaires. Le ministère n’a plus de craintes à avoir sur l’avenir de ces ours et il semble donc que tous les indicateurs soient au vert pour qu’enfin nous puissions obtenir la fin de ces spectacles d’un autre âge.
La France rejoindrait alors les pays ayant mis un terme à ces pratiques héritées du moyen-âge, comme notre plus proche voisin (la Belgique), mais aussi la Roumanie où pourtant l’activité était traditionnelle et permettait aux familles roms de vivre de l’exploitation de leurs ours ou l’Inde.
Deux exemples de sanctuaires pour les ours
Lors de mon expatriation en Roumanie, j’ai eu la chance de pouvoir visiter le sanctuaire pour les ours de Zarnesti.
C’est le plus grand d’Europe, avec une superficie de 69 hectares de forêts et déjà 116 ours sauvés de la misère et d’une vie de souffrances.
Un autre exemple, plus proche de chez nous, est le sanctuaire pour les ours de Mueritz, en Allemagne (BÄRENWALD Müritz gGmbH). Il accueille actuellement 17 ours.
Comme dans de nombreux sanctuaires, les ours, même s’ils ont toujours été captifs, retrouvent leur instinct sauvage. Ainsi, il n’est pas rare de voir des ours brisés et imprégnés par l’homme se remettre à creuser une tanière et à hiverner. C’est cette vie que nous souhaitons offrir aux ours actuellement exploités en France par les montreurs d’ours. Sortons enfin les ours de leur calvaire et la France du moyen-âge.
Photothèque AVES France :
Réserve de Zarnesti en Roumanie.
Photothèque AVES France :
Montreurs d’ours.