Chassons les préjugés ! Portons la voix des animaux sauvages.

Alors que tous les regards sont tournés vers la crise climatique, l'érosion de la biodiversité est passée sous silence. L'urgence de la situation impose de prendre des mesures fortes pour tenter d'enrayer le déclin alarmant de la faune sauvage, mais l'administration autorise toujours la chasse d'espèces indispensables à l'équilibre des écosystèmes. Notre mission : chasser les préjugés et porter la voix des animaux sauvages.

Agréée au titre de la protection de l’environnement depuis août 2022, AVES France va enfin pouvoir se battre à armes égales devant les tribunaux pour faire respecter les droits des animaux sauvages. 

Aujourd’hui, la sauvegarde de la biodiversité ne passe pas seulement par la protection des espèces en danger les plus emblématiques. Malgré les discours de nos politiques déplorant l’érosion de la biodiversité, la France reste le pays européen qui permet la chasse du plus grand nombre d’espèces (89) et dans lequel les décisions, préfectorales comme nationales, sont clairement dictées par le lobby de la chasse, impliquant près d’un million de pratiquants avec un poids économique estimé à 2,2 milliards d’euros. 

Dans un souci de gagner du poids politique, les chasseurs se sont progressivement infiltrés dans toutes les instances de la République. Ils ont réussi à s'imposer dans le débat en dictant leurs volontés aux politiques de notre pays, à l’échelon local comme au plus haut niveau de l’État. Au fil du temps, les chasseurs ont été considérés comme partenaires des administrations, confisquant tout débat sur les conséquences de leurs pratiques. La composition des commissions départementales et nationales de la chasse et de la faune sauvage en est un exemple flagrant, avec un énorme déséquilibre (2 associations agréées au titre de la protection de l’environnement contre une trentaine de représentants d’intérêts cynégétiques, agricoles ou sylvicoles et de l'administration) qui implique que les projets sur lesquels les commissions sont consultées obtiennent toujours un vote en faveur des chasseurs. 

Notre rôle, en tant qu’association agréée pour la protection de l’environnement, est de nous imposer à nouveau dans ce débat et de convaincre les citoyens français que la chasse, telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, est délétère pour la nature et à l’intérêt général.

Notre position ne repose pas seulement sur l’éthique ; elle est aussi fondée sur la base de données scientifiques et juridiques.

AVES France

Comment agit AVES France pour défendre la faune sauvage locale ?


Coup de projecteur sur notre plaidoyer

L'action politique est aujourd'hui indispensable pour lutter contre certaines pratiques de chasse. Pour convaincre les décideurs politiques, nous devons leur fournir des données fiables et vérifiables. C'est en ce sens que nous avons édité le Plaidoyer contre la vénerie sous terre du blaireau, qui se veut être un document de référence sur le sujet.

Notre opposition à la vénerie sous terre du blaireau ne repose pas seulement sur un fondement éthique ; elle est confortée par la littérature scientifique et par les données juridiques qui démontrent que cette pratique, en plus d'être d'une brutalité insupportable, est en totale opposition avec le rythme de reproduction de ces animaux. Même des organismes officiels considèrent que la chasse du blaireau ne peut pas résoudre ce dont les chasseurs l'accusent... à tort ! 

Ainsi, s'il est vrai que le blaireau peut-être porteur de la tuberculose, l'ANSES rappelle que dans les zones indemnes, l’élimination préventive des blaireaux (et autres espèces sauvages) ne peut en aucun cas être justifiée au motif de la lutte contre la tuberculose. 

Le Conseil de l’Europe affirme que « Le creusage des terriers, à structure souvent très complexe et ancienne, a non seulement des effets néfastes pour les blaireaux, mais aussi pour diverses espèces cohabitantes, et doit être interdit. »

Coup de projecteur sur nos actions de terrain

Renatur’Action est une campagne lancée par l’association AVES France en 2021, dans le but de rendre à la nature des terrains qui ont été sur-exploités. Nos équipes leur donnent un coup de pouce pour en faire des lieux à nouveau accueillants pour la faune et la flore locale, en créant des mares et des talus, en plantant des haies et en interdisant la chasse.

Favoriser le retour du Vivant

Protéger la faune locale implique nécessairement  un rapport de force entre les défenseurs du vivant et ceux qui se présentent comme les gestionnaires de la nature, mais dont le bilan sur les plans éthique et biologique est catastrophique. Étant à la fois juge et partie auprès des instances décisionnaires, ils sont parvenus à faire passer leurs intérêts particuliers  avant l’intérêt général. 

Sur le terrain également, les fédérations de chasse communiquent beaucoup sur la restauration du milieu. Pourtant, leurs actions sont toujours motivées par des intérêts cynégétiques, leur but étant de faire revenir des espèces pour pouvoir les chasser. On peut citer les lâchers d’espèces gibiers qui sont des animaux d’élevage réintroduits dans la nature juste avant le début ou pendant la saison de chasse, les creusements de mares pour habituer le gibier à s’abreuver à un endroit précis ou l’agrainage des sangliers l’hiver, qui favorise la fixation et la reproduction alors qu’il est présenté comme un moyen de protéger les cultures… 

Contrairement à cela, nos actions avec Renatur’Action sont réellement motivées par l’intérêt général. Le but est de favoriser le retour d’une biodiversité riche dans un contexte bocager dégradé par les activités humaines. Oiseaux, amphibiens, mammifères, insectes et reptiles y sont les bienvenus et bénéficient de parcelles restaurées, sur lesquelles la chasse n’est pas autorisée. 

AVES France en trois chiffres :

En août 2022, 15 ans après avoir été fondée, AVES France a obtenu l’agrément au titre de la protection de l’environnement à l’échelon national de la part du ministère de la transition écologique. 

AVES France compte plus de 2150 adhérents à jour de cotisation et reste dirigée par une équipe totalement bénévole. 

Toutefois, nos actions nécessitent des moyens de plus en plus importants, puisque les recours juridiques sont confiés à un cabinet d’avocats spécialisés dans le droit de l’environnement. C’est grâce au travail conjoint entre notre association et ce cabinet d’avocats que nous avons obtenu nos premières victoires juridiques, notamment contre la destruction des renards ou le déterrage des blaireaux.

En 2022, les recours juridiques ont représenté plus du quart de notre budget annuel. 

 

Lutter contre les préjugés et agir au quotidien contre l'érosion de la biodiversité

1

La chasse est-elle indispensable ?
En éliminant les prédateurs, les chasseurs ont rendu la régulation de certaines espèces indispensable. Cependant, dans les départements où le loup fait son retour, on peut constater un retour à l'équilibre des populations d'ongulés. En conséquence, les plans de chasse sont revus à la baisse. C'est une excellente nouvelle qui prouve que la nature, quand on la laisse faire, s'équilibre et que l'intervention humaine n'est pas nécessaire. Encore faut-il accepter de partager l'espace avec une vraie nature sauvage. Pour rappel, la faune sauvage ne représente plus que 4% de la biomasse des mammifères, tandis que l'élevage représente 60% et la population humaine 36%.


2

Le renard est-il une espèce nuisible ?
Si on prend son statut actuel, le renard est bien présent sur la liste des ESOD, les Espèces Susceptibles d'Occasionner des Dégâts. Les chasseurs militent pour le maintien de ce statut afin que le renard puisse continuer à être piégé sans limitation et chassé presque toute l'année. Il est accusé de s'attaquer aux volailles, mais surtout au petit gibier élevé en captivité puis relâché dans la nature par les chasseurs. On l'accuse parfois aussi de transmettre des maladies. Pourtant, le renard est une espèce qui s'auto-régule selon la quantité de nourriture présente sur son territoire. Il est un excellent régulateur des populations de petits rongeurs et les études démontrent que sa régulation n'est pas nécessaire. D'ailleurs, le Luxembourg a interdit sa chasse depuis plusieurs années. 


3

Faut-il éliminer les blaireaux pour éviter la propagation de la tuberculose bovine ? 

On lit souvent que le blaireau est responsable de la propagation de la tuberculose bovine dans les élevages. L'ANSES confirme que "des animaux de la faune sauvage, notamment les sangliers, blaireaux et cerfs, peuvent contracter l’infection, et sont susceptibles de contaminer à leur tour les élevages. [...] On considère cependant que ces populations sauvages jouent le rôle d’hôtes de liaison, incapables de maintenir l’infection de manière pérenne sans source de contamination extérieure, mais toutefois capables de la transmettre à une autre population, domestique ou sauvage."

Des mesures de surveillance sont donc mises en place dans des zones à risque qui représentent moins de 4% du territoire métropolitain. 

L'ANSES a rappelé en 2023, suite à la publication du rapport du Sénat sur le déterrage du blaireau et la vénerie, que la lutte contre la tuberculose bovine ne justifie pas l’élimination préventive du blaireau.

La Dordogne expérimente actuellement la vaccination des blaireaux pour lutter contre la tuberculose bovine, suite au succès de ce programme en Irlande. 

Il est d'ailleurs aberrant d'envoyer des chiens dans les terriers dans le cadre de la vénerie sous terre, puisque le chien pourrait être exposé à la tuberculose puis répandre des zoonoses. 


4

Pourquoi ma mairie a-t-elle pris un arrêté anti-corvidés ? 

Certaines mairies prennent des arrêtés de destruction de corvidés pour résoudre les "nuisances" dont leurs administrés se plaignent. Les corvidés sont accusés de salir les véhicules stationnés avec leurs déjections, voire de les dégrader en faisant tomber des branches. On peut aussi parfois lire que leurs cris gênent les riverains. 
Pour éviter de devoir recourir à des destructions, les mairies peuvent élaguer les arbres en automne et retirer les anciens nids avant février. Un effarouchement des colonies est également possible lors de leur installation à partir de la fin février. Pour éviter d’avoir à recourir à ces méthodes tous les ans, il est important de limiter la coupe d’arbres au bord des routes, de laisser les haies de haut jet en place, mais aussi de planter des arbres dans les zones périphériques pour fournir des zones de nidification aux oiseaux dans des lieux ne risquant pas de poser problèmes aux usagers.


5

Est-ce vraiment utile de répondre aux consultations publiques ? 

Nos bénévoles déploient des efforts très importants pour déceler les consultations publiques sur les sites des préfectures, mais également pour les étudier, en déceler les failles et vous fournir des arguments pour vous y opposer. Participer à cette étape du dialogue environnemental peut vous sembler pénible et répétitif, puisque chaque préfecture a l'obligation de mettre en débat tout arrêté ayant une incidence sur l'environnement. Vous avez souvent l'impression de ne pas être écoutés. Cependant, cette étape donne du poids à nos recours, lorsque nous prouvons que malgré l'opposition, l'arrêté a été adopté sans modification. Il permet aussi à certaines préfectures d'opposer nos arguments aux fédérations de chasse qui mettent la pression sur les agents pour obtenir des ouvertures anticipées. Cette étape est donc, à notre avis, essentielle et nous devrions être plus nombreux à nous saisir de cette occasion pour faire entendre la voix des animaux sauvages injustement chassés. 


Rétablir des vérités pour lutter contre les préjugés véhiculés par les chasseurs et repris sans vergogne par l'administration est une mission à la portée de toutes et tous. Qui n'a jamais entendu des phrases comme "il y a trop de renards", "heureusement que les chasseurs sont là pour réguler", "les blaireaux transmettent des maladies"... Voici quelques pistes pour déconstruire ces discours profondément ancrés dans nos têtes. 

Pour lutter contre l'érosion de la biodiversité, chaque geste compte et nous pouvons tous en être acteurs : en s'opposant aux projets écocides qui artificialisent les sols, en luttant contre les arrachages ou les tontes de haies au printemps, en offrant des zones sauvages dans nos jardins, en restaurant les mares comblées... 

Mais ces actions peuvent aller beaucoup plus loin : en tant que citoyens, vous pouvez incitez vos élus sur la nécessité de faire classer les haies au PLU, saisir vos maires pour qu'ils interviennent auprès des agriculteurs qui arrachent des haies et comblent les mares, leur demander de revoir complètement les méthodes d'entretien des accotements herbeux et des haies...

La loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages a également créé un nouvel outil juridique, permettant aux propriétaires fonciers de faire naître sur leur terrain des obligations durables de protection de l’environnement : l’obligation réelle environnementale (ORE).

Il s'agit d'un contrat qui permet à tout propriétaire immobilier de mettre en place une protection environnementale attachée à son bien, pour une durée pouvant aller jusqu'à 99 ans.