Il semblerait que oui.
Les arrêtés préfectoraux se multiplient, la presse se fait un plaisir de relayer et d’amplifier la voix des anti-loups (voir entre autres l’article lamentable dans le Politis du 18 septembre !!), éleveurs (qui se vantent de braconner…) et chasseurs demandent la tête de la bête, sans compter les communes, comme en Ardèche, qui votent en conseil municipal des “voeux” contre la présence du loup sur leurs territoires… bref, l’objectif est clair : donner le sentiment aux français que le loup est un problème de société. On veut le chasser des parcs nationaux, des montagnes et des plaines, on n’en veut pas en ville où parait-il, il pointe le bout du museau, méditant de s’en prendre aux petits chaperons rouges, et il est également indésirable en forêt. Où donc est la place du loup en France ? Empaillé dans un salon, encagé dans un parc zoologique, figé sur le papier glacé des revues nature et des beaux livres de photographie. Et nulle part ailleurs.
Sa présence est apparemment seulement souhaitée par des écolos-bobos-citadins et des extrémistes, perçus comme les adversaires de la biodiversité à visage humain (Merci à la Buvette des Alpages).
Les affirmations les plus saugrenues et raccourcis fleurissent sur internet, et chaque blog, chaque contributeur y va de son petit commentaire de soi-disant spécialiste. Bien malin le simple curieux qui peut s’y retrouver dans ce fatras de conneries.
En résumé, le loup a été vu aux portes des maisons (il ne craint donc plus l’homme !!), il dévore brebis, chevaux, chiens, moutons et s’apprête bien certainement à cibler du côté humain les enfants, les vieux ou les handicapés…
Il ne sert à rien, son rôle dans la chaine alimentaire, la santé des écosystèmes est nié. Au contraire, c’est une menace pour la nature, il s’en prend au gibier, aux ongulés sauvages, patrimoine vénéré du chasseur français. Il y en a plein d’autres en Europe. En plus il est sauvage. Tout pour plaire…
Et puis bien sûr, c’est à cause de lui si l’élevage ovin se porte mal et si les éleveurs font des cauchemars.
Pourtant, il y a d’autres bestioles hargneuses et nuisibles qui s’en prennent au bétail. L’ours, le lynx, le renard, le vautour fauve mutant (ce n’est plus un charognard), la bernache, l’ouette d’Egypte… Ah non, je m’égare. les deux derniers oiseaux ne s’attaquent pas encore aux brebis. Mais bon, il faut ouvrir l’oeil, on ne sait jamais…
Cependant, je suis injuste, je le reconnais. Eleveurs et chasseurs ne sont pas les seuls fautifs. Les élus, des hommes et femmes politiques, tous partis confondus, qui, consciencieusement, année après année, mandat après mandat, autorisent, soutiennent, encouragent ces atteintes contre la nature et la faune sauvage, ont évidemment leur part de responsabilité. Toujours pour les mêmes raisons. Par lâcheté, pas opportunisme, par soif de pouvoir, par ignorance, par bêtise. Dernier exemple en date : Hélène Masson-Maret, sénatrice UMP des Alpes-Maritimes, a déposé le 24 juillet dernier au Sénat une proposition de résolution européenne visant à rétrograder le statut protégé du loup demandé par les syndicats agricoles.
Alors, le loup est-il condamné en France ? Non, si tous les citoyens qui s’estiment concernés par la conservation de la faune sauvage veulent bien s’exprimer auprès de leurs élus. Si chacun daigne s’informer réellement sur la réalité de la filière ovine, sur la présence du loup, son mode de vie, sa biologie.
Si chacun réfléchit réellement sur l’état de la nature dans notre pays et surtout sur sa place.
Pour notre part, et malgré ce qui se dessine, malgré l’indifférence des uns et l’acharnement et la violence des autres, nous ne céderons pas face aux grandes gueules du monde de la chasse et de l’élevage qui entretiennent cette guéguerre stérile entre les “vrais” protecteurs de la nature et ces crétins de citadins qui veulent du loup partout !!
Il est temps que chacun prenne ses responsabilités. Le loup a sa place en France, la cohabitation est possible, alors battons-nous pour lui.